Sortie de crise Covid19

3 scenarii de sortie de crise Covid 19 et de reprise

Nous nous sommes livrés à différentes hypothèses sur la sortie de crise économique en fonction de la durée de la crise sanitaire. 

Dans un précédent article, nous avons présenté 7 étapes théoriques de sortie de crise du Covid 19, relativement cohérente avec les annonces d'Edouard Philippe qui a annoncé le 1er avril 2020, que le déconfinement n'aurait pas lieu en une seule fois, mais serait progressif. Il y aurait donc, un relâchement des conditions de confinement et les citoyens seraient, donc, "libérés" progressivement et l'activité économique reprendrait donc en conséquence.

Avertissement: attendu que ces 3 scénarii théoriques n’intègrent aucune « surprise » ou effet collatéral de la crise économique et sanitaire du Covid-19, il est fort probablement qu'ils ne se réaliseront pas d"e façon pure".

Ces scénarii visent donc seulement à donner des horizons de temps et une estimation du recul du PIB en 2020.

Scénario 1 : Crise  aiguë courte (février-mai)

C’est le scénario le plus optimiste, mais le moins probable : la France atteint un pic d’épidémie début avril, la contagion est générale mais ne touche que quelques centaines de milliers de personnes, le taux de mortalité se limite à 1% car on parvient à traiter les malades (soit de façon curative, soit en préventif, grâce à la mise au point rapide d’un vaccin, hypothèse hautement improbable).

Dans ce cas, l’impact sur l’activité économique serait important mais limité dans le temps.

Hypothèse de croissance en France en 2020 (crise aiguë courte)

Les hypothèses suivantes sont réalisées, de façon très approximative, sur base de la proportion des entreprises dont l’activité est interrompue ou ralentie par le confinement (environ un tiers d’aprèes les premières estimations d’instituts nationaux de statistiques tels que l’INSEE en France).

Les chiffres trimestriels correspondent à l’acquis de croissance ou de récession sur une base annuelle et s’additionnent pour obtenir l’impact total annuel sur le produit intérieur brut.

1er trimestre : -2% (pour info, l'INSEE a évalué à 2,5% l'impact d'un seul mois de confinement sur le PIB annuel).

2eme trimestre : -2%

3eme trimestre : 0,2%

4eme trimestre : 0,3%

Notons que dans ce scénario favorable, la croissance pour 2020 est la plus faible depuis 2009 (-3,5 % contre -2,9% en France en 2009).

Dans ce cas, les entreprises devront être gérées au plus juste.

  • Les entreprises les plus faibles disparaîtront ou se feront racheter
  • De nombreuses entreprises seront affaiblies
  • Les entreprises en forme avant la crise se développeront moins rapidement que prévus
  • Certaines entreprises opportunistes connaîtront un pic d’activité : les vendeurs de masques, de gels, de cercueils, du domaine de la santé, le digital entertainment (Netflix), l’ecommerce, les éditeurs de logiciels…
  • Certains secteurs (tourisme, transport en commun, événementiel, artisan, commerces physiques, formation pour adultes, etc..). seront sinistrés

Si ce scénario très optimiste devait se réaliser, on peut imaginer une phase de convalescence qui démarrerait à l’été 2020 et qui durerait 1 à 2 années en fonction de :

  • l’ampleur de la crise sanitaire chez nos grands partenaires économiques
  • l’ampleur et la durée de la crise économique liée à la crise sanitaire chez les mêmes partenaires

Le retour à la « normale » n’interviendrait qu’à compter de 2022 ou 2023.

Scénario 2 : Crise de durée intermédiaire (février-septembre)

C’est le scénario le plus probable et correspond à la durée de la crise du SARS en 2003 (soit 6 mois) : la France atteint un pic d’épidémie début mai, la contagion est générale et touche quelques centaines de milliers de personnes, le taux de mortalité se limite à 1% car on parvient à traiter les malades (soit de façon curative, soit grâce à la mise au point rapide d’un vaccin).

 

Dans ce cas, l’impact sur l’activité économique serait important et durable pour les raisons suivantes

- le tissu économique devra se reconstituer afin de compenser la disparition des entreprises qui auront fait faillites, non seulement dans les secteurs mis à l’arrêt par le confinement (loisirs, tourisme, compagnies aériennes), les secteurs paralysés par l’interruption de la chaîne d’approvisionnement causée par l’arrêt des économies qui fournissent des composants aux entreprises de ces secteurs (industrie),

- la consommation baissera durant la crise à cause du confinement,

- la production tardera à revenir à son niveau de 2019 parce que dans de nombreux pays comme la chine chaîne d’approvisionnement sera perturbé

Hypothèse de croissance en France en 2020 (crise aiguë moyenne)

1er trimestre : -1%

2eme trimestre : -5%

3eme trimestre : -2%

4eme trimestre : 0,5%

Dans ce scénario intermédiaire, la récession se limiterait à 8,5 % en 2020, la plus forte récession de l’après guerre.

Dans ce cas, les entreprises devront être gérées au plus juste.

  • Les entreprises les plus faibles disparaîtront ou se feront racheter, de même que certaines entreprises affaiblies, parmi celles, par exemple, déjà affaiblies, par la crise des gilets jaunes, les grèves de décembre 2019
  • Certaines entreprises stratégiques seront nationalisées
  • La plupart des entreprises seront affaiblies
  • Les entreprises en forme avant la crise se développeront beaucoup moins rapidement que prévus
  • De nombreuses start ups à la trésorerie tendue rencontreront des difficultés, d’autant que les levées de fonds seront probablement plus difficiles.
  • Certaines entreprises bien positionnées connaîtront un pic d’activité : les vendeurs de masques, de gels, du domaine de la santé (masques, gel, tests de dépistage, de stérilisation…), le digital entertainment (Netflix), l’ecommerce…
  • Certaines start up comme Mano Mano, se développeront plus rapidement car profitant à la fois, de l’effet de report sur l’ecommerce et du fait qu’elles auront levé de l’argent juste avant la crise (125 millions d’euros levés en janvier 2020)
  • D’autres start up comme Wish à l’inverse pourrait s’écrouler (rappelons que Wish est une marketplace fonctionnant essentiellement avec des marchands chinois qui expédient leurs marchandises aux clients de Wish en Europe et aux Etats-Unis).
  • Certaines entreprises ne seront que peu impactées (les entreprises proposant des services en ligne essentiels comma la comptabilité en ligne, l’accès à internet, la formation en ligne…)

Scénario 3 : Crise aiguë longue (mars-janvier 2021)

C’est le scénario pessimiste : la France atteint un pic d’épidémie début juin, la contagion est générale, touche 500 000 personnes, le taux de mortalité est de 2% car on parvient à traiter les malades, sans pour autant mettre au point un vaccin efficace.

 

 

Par ailleurs et surtout, le coronavirus est le signe noir que redoutaient beaucoup d’économistes.

Qu’est-ce qu’un signe noir et quels sont ses conséquences ?

Il n’aura échappé à personne que l’économie mondiale vit sous perfusion depuis la crise de 2008 : l’économie ordinaire ne parvenant plus à générer les taux de croissance d’avant la crise, les banques centrales tiennent les économies développées à bout de bas en utilisant les taux bas (voir négatifs), des injonctions massives de liquidités (le fameux quantitative easing). Cela a provoqué la formation de bulles (marchés financiers, immobilier) et une explosion de l’endettement (des états, entreprises, états américains). On parle même d’entreprises zombies (celles qui survivent en empruntant à très faible taux, alors qu’elles auraient disparu à l’époque des taux « normaux ». Certains états (Argentine, Vénézuela, Iran, Russie…) sont dans un véritable état de fragilité économique.

Si les diagnostics de cette situation et prévisions varient énormément d’un expert à l’autre, tous s’accordent sur le fait que la plupart des économies sont fragiles et que les gouvernements n’ont plus beaucoup de marges de manœuvre pour soutenir leur économie.

Dans ce contexte, certains experts estiment depuis plusieurs années qu’il suffira d’un signe noir pour précipiter l’économie mondiale dans une récession comparable à celle que l’on a connu en 2008/2009 (récession de -2,9% du PNB en France en 2009). Un signe noir est un événement grave, extérieur à l’économie, tel qu’une guerre, qui peut casser durablement la dynamique économique. Un cercle vicieux s’enclenche alors avec krach boursier, resserrement du crédit, ralentissement de l’investissement des entreprises, consommation des ménages, qui entraîne une nouvelle baisse des marchés financiers, un nouveau resserrement du crédit… un cercle vicieux s’enclenche alors.

Certains analystes affirme désormais que le coronavirus est le signe noir tant redouté.

Rien n’est évidemment certain, d’autant que les banques centrales seront à la manœuvre, pour une nouvelle fois, empêcher une crise de s’installer durablement, mais compte tenu de l’effondrement du tourisme, de la production chinoise (dont l’économie représente 33% de la croissance mondiale) et de celles de tous les pays qui confinent leur populations, des ruptures d’approvisionnement, du fait que les systèmes de santé de certains pays seront dépassés par la crise sanitaire et de la perte de confiance qui s’en suivra, l’impact sur l’économie pourra être très important, si la crise perdure.

L’Institut Oxford Economics estimait déjà début mars 2020, avant le déclenchement des confinements dans la plupart des pays développés, les pertes pour l’industrie mondiale du tourisme à $22 milliards (scénario favorable), $49 milliards (scénario de type SRAS) et $79 milliards (dans le cas ou la crise soit plus importante). Pour rappel, le chiffre d’affaires du tourisme mondial en 2017 était de $1237 milliards (source : UNWTO). Les révisions seront évidement revus à la hausse compte de ce qui s’est passé depuis.

Certains analystes américains anticipent une récession de 5 % à 15 % pour l’économie américaine. Ces estimations valent pour pour les pays développés : un mois correspond à environ 8 % du PIB annuel. Durant le confinement, le PIB chute de 35 % à 50 %, soit l’équivalent de 3 % de PIB annuel. Deux mois de confinement comme dans la région du Hubei en Chine engendre donc une perte de 6 % et l’économie ne redémarre ensuite que progressivement.

Concrètement, cela signifie que l’on pourrait voir se multiplier des faillites comme celle de Thomas Cook en France et dans le reste du monde, mais aussi probablement dans d’autres secteurs d’activité.

Hypothèse de croissance en France en 2020 (crise aiguë longue)

1er trimestre : -1%

2eme trimestre : -7%

3eme trimestre : -3%

4eme trimestre : -2%

Dans ce scénario intermédiaire, l’économie entrerait dans une récession aiguë de plus de 10 % à 15 %.

Dans ce cas, toutes les entreprises seront impactés à un niveau ou à un autre.

  • Le nombre de faillites dépasseraient les niveaux de 2009,
  • Celles qui survivront seront celles dont la trésorerie est importante (soit grâce à un trésor de guerre, soit grâce à de solides financements, soit parce qu’évoluant sur un secteur relativement peu touché par la crise).
  • De nombreuses grandes entreprises devront limiter les embauches, réduire leurs budgets non essentiels à court terme (communication, R&D, événementiel…)
  • Les entreprises fortement endettées rencontreront plus de difficultés à honorer les échéances. Cela entraînera probablement des faillites et ainsi que des mouvements de consolidation,
  • Certaines entreprises classiques seront contraintes de « pivoter » comme des start-ups, vers de nouveaux business models adaptés à ce nouvel environnement.
  • Le taux de mortalité des start ups cherchant le modèle risque d’augmenter de façon significatives. Celles qui ont un business model validé et sont proches de l’équilibres
  • Les secteurs d’activité déjà fragilisés pour des raisons structurelles verront leur situation s’aggraver,
  • Dans l’industrie, on devrait assister à un mouvement de relocalisation visant à diminuer la dépendance aux approvisionnements chinois dans des domaines stratégiques (composants, pharmacie, équipement automobile…)
  • Certaines entreprises opportunistes connaîtront un pic d’activité : les vendeurs de masques, de gels, du domaine de la santé, le digital entertainment (Netflix), l’ecommerce…
  • Certaines start up comme Mano Mano, se développeront plus rapidement car profitant à la fois, de l’effet de report sur l’ecommerce et du fait qu’elles auront lever de l’argent juste avant la crise, (125 millions d’euros levés en janvier 2020).
  • Certaines entreprises ne seront que peu impactées (les entreprises proposant des services en ligne essentiels comme la comptabilité en ligne, l’accès à internet, la formation en ligne…)

Vous souhaitez intégrer des éléments extérieurs incertains à ces scénarii ? Consultez le modèle du scénario de sortie de crise modulable.

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