Résistance

Annulation de la dette européenne: sortie de crive Covid 19

La majorité de la population et même des décideurs est dans l'attente de personnes qui ont une vision de l'avenir. Les modèles en place et les responsables sont remis en cause. Cela va être encore pire lorsque tout le monde prendra conscience que la crise va s'installer pour longtemps. C'est l'occasion de pousser des projets de société alternatifs, à mon avis.

C'est là que je vois une opportunité tactique à jouer avec le remboursement de la dette par la BCE et la relance par la transition écologique.

J'avais lu dans les années 90 des ouvrages de Jean Ziegler dans lesquels il expliquait que les politiques d'ajustement imposées aux états africains par les institutions financières internationales avaient eu pour effet de faire exploser leur endettement et de démanteler le secteur public, les rendant totalement incapable de mener quelque politique que ce soit.

Au début des années 2010, suite à la crise de 2008, j'ai réalisé que nous étions, de ce point de vue, au même niveau d'endettement que les états africains dans les années 90.

Donc, il n'était pas plus possible qu'un état puisse financer une véritable politique économique.

Mais, à cause de la crise des dettes irlandaises, italiennes, grecques, la BCE a commencé à racheter les dettes des états.

En 2017, de mémoire, j'avais calculé qu'elle avait déjà racheté 10% des dites dettes.

C'est à ce moment-là que j'ai imaginé que la BCE rachète les 90% restants (ce qui était interdit par son mandat qui ne l'autorisait pas à racheter plus de 35% des dettes) et ensuite les annuler. Cela permettait aux états de s'engager dans une politique de relance en faveur de l'écologie: ne serait-ce qu'avec les intérêts que l'on aurait plus à régler tous les ans, on disposait d'un pactole de 30 ou 40 milliards d'euros en France pour financer la transition écologique.

Lorsque j'ai commencé à en parler sur les réseaux sociaux, mes interlocuteurs me répondaient ce qu'ils avaient appris à l'école: émission de papier égale inflation et tout le monde me parlait de 1923 en Allemagne, parce qu'à l'époque encore, les gens sérieux n'osaient remettre en question les règles édictées par les penseurs de l'économie libérale (Adam Smith et ses successeurs). Or, depuis 10 ans, les économistes "sérieux" ont constaté que les règles dans lesquelles ils avaient cru depuis leur adolescence ne fonctionnaient plus: baisser les taux ne permettait pas de faire repartir l'investissement, les mauvaises nouvelles ne faisaient plus baisser systématiquement les marchés (le quantitative easing et l’interventionnisme des banques centrales ayant faussé tout le jeu), aucune tentative pour faire repartir l'inflation ne fonctionnait plus, même le pseudo plein emploi aux Etats Unis ne provoquait pas de pression sur les salaires.

Bref, cela fait 5 ans que les règles qui prévalaient depuis la fin de la seconde guerre mondiale ne fonctionnent plus.

Les esprits des gens "sérieux" aux commandes ont commencé à remettre en cause leurs certitudes.

J'ai senti que ce n'était plus qu'une question de quelques années pour que les gens bien sous tout rapport qui contrôlent l'économie soient prêts à l'idée d'un remboursement de la dette.

J'ai pris pour un augure, une nouvelle passée relativement inaperçue mi mars qui indiquait que la BCE pouvait désormais racheter 100% de la dette des états de la zone euro (la limite des 35% a été levée).

Je pense que la BCE devra racheter la quasi totalité de la dette d'ici 2022 ou 2023 parce que l'économie ne repartira pas. Dans le meilleur des 3 scénarii que j'ai élaboré, nous ne retrouvons le niveau de production de 2019 qu'en 2023, parce que la vraie sortie de crise ne se fera que lorsqu'un vaccin sera mis au point et qu'il sera administré à grande échelle.

Je pense que l'on ne peut pas exclure l'apparition de cousins du covid 19, l'année prochaine, un covid-20, un covid-21 ou encore un conflit armé important, donc, des crises qui viendraient se superposer à la crise actuelle.

Bref, nous sortirons, de tout cela, très "fatigués" et la transition écologique sera le dernier des soucis de la majorité de la population.

Sauf si la transition écologique est la solution à la sortie de crise.

Or, avec des états surendettés, je ne vois pas comment on reconstruit l'économie et en même temps, on finance la transition écologique.

Donc, la seule solution que je vois, c'est que la BCE rachète et annule 100% de la dette. Cela ne provoquera pas d'inflation à mon avis, car l'argent aura déjà été injecté dans le système financier et que les pressions déflationistes (chômage de masse, entreprises convalescentes, vieillissement de la popuation) seront très forte. Je pense même qu'il est possible que nous subissions une déflation assez forte.

Et peut-être que l'annulation des dettes des états serait même vu comme un soulagement par les orthodoxes de la finance qui y verrait un moyen de relancer l'inflation.

D'ailleurs l'annulation de la dette qui n'était pas un sujet il y a encore 3 mois, en est devenu un, hier.

Les états retrouveraient leur capacité à mener de véritables politiques volontaristes de long terme comme c'était encore le cas en France dans les années 60, 70.

Mais pour que l'argent soit injecté dans l'écologie, il faut qu'un puissant mouvement populaire soit en faveur de cela. On l'a vu, Emmanuel Macron n'est pas un ...."écologiste convaincu" (euphémisme) parce qu'il ne perçoit pas l'urgence et qu'il est entouré de personnes qui ont des influences qui ne vont pas dans le bon sens.

Je pense que des gens qui ont une vision de ce qu'il faut faire en 2022 -2023 doivent se mobiliser maintenant pour redonner le moral aux troupes, proposer une vision d'avenir et embarquer ceux qui cherchent des repères derrière eux.

Si des personnes reconnues comme vous, élaborent un solide plan de transition écologique français d'abord, européens ensuite, chiffré, planifié, financé dans un contexte d'annulation de la dette et avec des effets sur la croissance précis, je pense qu'aujourd'hui, alors que 90% des gens n'ont plus de vision de l'avenir (à l'exception des collapsologues peut-être), le discours sera plus audible et mobilisateur qu'il ne l'a jamais été.

Je fais partie de ceux qui pense que nous sommes effectivement en période de guerre et que nous devons nous dépenser sans compter pour vaincre la crise économique et reconstruire notre économie avec de solides bases. Je suis certain que des dizaines de milliers de personnes pensent comme moi et que des millions attendent des modèles à suivre.

A titre d'exemple, cette semaine, nous avons lancé avec des amis entrepreneurs un appel pour récuéerer notre souverainté numérique (en réaction à l'intention de l'AP-HP de recourir au service de Palantir pour analyser les données des patients parisiens, Palantir étant une entreprise de "Big data/intelligence artificielle" très très proche de la NSA et de la CIA). Cet appel suscite beaucoup de réactions positives sur les réseaux sociaux, parce qu'il s'inscrit dans le contexte de la prise de conscience de notre hyper dépendance en matière de masques, respirateurs ou principes actifs.

Bref, les gens cherchent plus que jamais des personnes qui ont une vision et sont, plus prêts que jamais, à changer de modèle

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