Impact sur l'emploi de l'intelligence artificielle dans le divertissement et l'audiovisuel

 L'intelligence artificielle générative détruit des emplois à Hollywood, et il n'y a guère de répit à l'horizon.

Une étude menée fin 2023, auprès de 300 dirigeants de l'industrie du divertissement révèle que trois quarts des personnes interrogées ont indiqué que les outils d'IA favorisaient la suppression, la réduction ou la consolidation d'emplois au sein de leur entreprise. Au cours des trois prochaines années, l'étude estime que près de 204 000 postes seront touchés.

Selon l'étude, les ingénieurs du son, les acteurs voix, les concept artistes et les employés occupant des postes peu qualitifiés sont en première ligne. Les effets visuels et autres travaux de postproduction sont particulièrement vulnérables.

La Concept Art Association et l'Animation Guild ont commandité ce rapport, réalisé du 17 novembre au 22 décembre par la société de conseil CVL Economics, en raison des inquiétudes des membres concernant l'impact de l'IA sur leur travail. Selon Nicole Hendrix, fondatrice du groupe de défense, les artistes conceptuels sont de plus en plus sollicités par les studios pour "nettoyer" les œuvres générées par l'IA, ce qui réduit le nombre d'heures facturées et le nombre d'emplois disponibles.

Le rapport sert de repère sur l'adoption par le grand public de chatbots capables de générer du texte, du son et même des images hyperréalistes, et sur ses effets sur la main-d'œuvre. Sam Tung, membre de l'Animation Guild qui fait partie du groupe de travail sur l'IA, indique que le syndicat se référera à l'étude lors des négociations avec les studios à l'expiration de son contrat en juillet.

Les garde-fous concernant l'utilisation de l'IA sont devenus un point de tension lors des grèves des scénaristes et des acteurs. La Guilde de l'animation cherchera probablement à renforcer de la même manière les protections dans son nouveau contrat, tandis que les studios insisteront probablement pour obtenir certaines autorisations en matière d'IA. En novembre, Jeffrey Katzenberg, ancien fondateur de DreamWorks, a déclaré que la technologie remplacerait 90 % des emplois dans les films d'animation.

Selon l'étude, plus de deux tiers des entreprises d'Hollywood sont considérées comme des utilisateurs pionniers de cette technologie. Environ un tiers des personnes interrogées prévoient que l'IA remplacera les ingenieurs son, les infographistes 3D et les techniciens audio et vidéo d'ici trois ans, tandis qu'un quart d'entre elles déclarent que les concepteurs, les compositeurs et les concepteurs graphiques seront probablement touchés par cette évolution.

D'ici 2026, un tiers des personnes interrogées ont déclaré que plus de 20 % de tous les emplois de l'industrie du divertissement, soit environ 118 500 postes, seront supprimés, selon l'étude.

Parmi les tâches les plus susceptibles d'être affectées par l'IA, citons la création d'une conception sonore pour les films, la télévision ou les jeux, le développement d'objets 3D et la création de doublages en langue étrangère. Les tâches les moins susceptibles d'être affectées sont l'écriture de scénarios de films, de programmes télévisés ou de jeux, ainsi que l'exécution de musique ou de voix.

Le rapport indique que le travail sur les effets visuels est exposé aux mutations induites par les outils d'IA. Selon l'étude, 80 % des premiers utilisateurs de l'IA dans le divertissement utilisent actuellement cette technologie en postproduction. TrueSync, par exemple, peut manipuler le mouvement des lèvres des interprètes pour permettre le doublage dans différentes langues. La prolifération de ces outils, selon le rapport, est "susceptible de réduire la demande en acteurs vocaux multilingues".

Des mutations similaires se produiront également à d'autres stades de la production. Alors que des coiffeurs et des maquilleurs ou des acteurs plus jeunes ont pu être employés pour rajeunir à l'écran les acteurs, les studios pourraient se tourner vers les technologies de rajeunissement, comme ils l'ont fait pour Here, avec Tom Hanks et Robin Wright. Dans le même ordre d'idées, les outils d'IA pourraient être de plus en plus utilisés pour créer des images susceptibles de rationaliser la conception des personnages et le conception de story-boards, réduisant ainsi le recours aux concepteurs, illustrateurs et animateurs.